Enfants, jazz & voyages

1953

 

 

Naissance du premier fils de Roger, Ronald, le 18 octobre ; Roselyne, la maman a tout juste 18 ans. Mais Roger a envie de tenter « l’aventure parisienne ». Les deux jeunes parents s’en vont vers la capitale sans leur rejeton. Ils se posent à Saint Germain des Près où, à cette époque encore bénie des dieux, on peut vivre avec très peu d’argent. Ils habitent à l’hôtel du Grand Balcon, au 52 de la rue Dauphine, tenu par Mme André qui ne reçoit que des musiciens auxquels elle accorde de généreux crédits, ce qui en sauva plus d’un en mal de contrat. Roger et Rosy fréquentent « le quartier » et son air de liberté, de fête, de mouvement, d'esprit non-conformiste qu'insufflent les existentialistes et la présence de nombreux artistes et écrivains. On les voit au Bilboquet, « le » club de jazz, au Flore, à la Reine Blanche, au Royal Saint-Germain, à la Pergola… Puis, leur pécule du moment épuisé, ils repartent vers Marseille où Roger sait qu’il peut travailler de nouveau… avant de revenir à Paris…

 

 

1956

 

 

Un soir, madame la Chance – qui s’appuie parfois sur le malheur des uns pour faire le bonheur des autres – offre à Roger Courcel une opportunité déterminante : il reçoit un télégramme qui l’informe que Jacques Hélian, chef d’un très célèbre orchestre de Jazz, « big band » à la française, qui se produit partout en Europe, et avec beaucoup de succès, veut l’engager. Pour Jacques Hélian, il ne fait aucun doute que Roger Courcel a tout à fait l’étoffe pour intégrer son orchestre. Ce soir-là, le petit Lucien Mary devient le grand Roger Courcel, un des chanteurs du très célèbre orchestre « Jacques Hélian et son ensemble », pour plusieurs années.

 

 

1956… et les années suivantes

 

 

Tournées, galas, enregistrements de disques, séances de photos… se succèdent. C’est le tourbillon du succès. Roger Courcel est membre de l’orchestre du moment. Comme le relatent encore certaines gazettes : « L’orchestre de Jacques Hélian était le plus célèbre grand orchestre de variétés et de jazz de l'après-guerre et des années cinquante qui fit chanter et swinguer la France entière pendant plus de 10 ans, dans le sillage des Collégiens de Ray Ventura. Le créateur de « Fleur de Paris », qui devint l'hymne de la libération, de « C'est si bon », d'« Etoile des Neiges » et de tant d'autres succès incarna un style de music-hall chaleureux et imprégné d'une joie de vivre enfin retrouvée. Il occupa une place de tout premier plan dans la chanson et le music-hall de la décennie 1945/1955* ».

*Source : http://pagesperso-orange.fr/jacques-helian

 

 

1960

 

 

Roger Courcel navigue entre Paris et la Côte d’Azur où il a conservé ses amis et attaches affectives. Il compose des musiques, écrit des textes de chansons… Très mauvais gestionnaire de ses œuvres, c’est une époque où d’autres signent à sa place nombre de ses créations, même s’il touche les royalties redistribuées par la SACEM. Il est alors auteur-compositeur de quelques chansons pour, entre autres artistes, une gamine qui démarre dans la mode « yé-yé » : Sylvie Vartan ; il écrit la version française de « Souvenirs, souvenirs » pour le jeune rocker, Johnny Hallyday ; il donne quelques ritournelles pour une « valeur sûre » : Tino Rossi ; il dépose chez son éditeur de musique une bossa-nova qu’un musicien brésilien emmènera avec lui au Brésil : tube interplanétaire quelques mois plus tard, qui deviendra un « standard » de la bossa nova brésilienne dont le succès ne se départit toujours pas aujourd’hui, sous le titre « Agua de beber », et chanté ou joué par Antonio Carlos Jobim, Astrud Gilberto, Stan Guetz, Al Jarreau… Parallèlement, Roger Courcel s’essaie à la peinture, avec un très médiocre retentissement commercial mais un réel talent d’artiste. Période « artiste touche à tout »…

 

 

1969

 

 

« Roger Courcel » n’est plus auteur compositeur. Il est devenu chef d’orchestre depuis quelques années et gagne (mal !) sa vie en animant tel bal populaire, telle fête de village ou telle tournée organisée par un quotidien régional. Il se produit un soir au Casino d’Enghien lorsqu’un Mexicain de passage, agent artistique dans son pays, repère l’orchestre et l’emmène à Mexico pour jouer du « typiquement français » dans un des plus grands cabarets de la ville. Roger et sa bande y restent plusieurs mois. Au-delà de l’aspect touristique du contrat, ce séjour permet à Roger de rencontrer la culture Maya et « l’ésotérisme », voire la spiritualité, qui l’entourent. Même si au cours de sa vie, il rencontrera l’Egypte ou la Jérusalem mystique, c’est bien la confrontation avec cette culture qui sera déterminante pour la suite de sa vie, notamment pour sa future activité d’écrivain… qu’il n’est pas encore. Période « révélation, sens et ouverture de conscience »…

 


 

1970

 

 

« Roger Courcel et les Langham Sister’s » sont au faîte de la reconnaissance à Mexico… mais le contrat prend fin. Retour en France. En deux semaines, Roger passe du statut de « vedette » à Mexico, à celui de « chauffeur livreur » à Asnières ! Il faut vivre et très vite assurer le quotidien, car vient le temps de la naissance le 1er avril de sa fille : Vanessa ; Marie-Claire, la maman, a tout juste 21 ans.

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